La graphologie en criminologie : une brève histoire
La graphologie, ou l’étude de l’écriture manuscrite pour en tirer des informations sur la psychologie d’une personne, a une longue histoire. Dès le XIXe siècle, des experts en graphologie prétendaient pouvoir déceler des traits de caractère et des tendances comportementales, y compris des inclinations criminelles. Aujourd’hui encore, certains graphologues sont sollicités pour aider dans des enquêtes criminelles. Cependant, cette pratique est loin de faire l’unanimité.
Analyses graphiques et comportements délinquants : études et enquêtes
Certaines études ont tenté de valider scientifiquement l’efficacité de la graphologie dans la prédiction du comportement criminel. Par exemple, une étude de 2004 menée par Kimon Iannetta analysait les écritures de délinquants sexuels et tentait de trouver des similarités. Les résultats étaient mitigés : bien que certains traits communs aient été observés, la variabilité était trop grande pour permettre des prédictions fiables.
D’autres enquêtes se sont concentrées sur des criminels connus : l’écriture de Ted Bundy a été analysée par de nombreux graphologues, certains y trouvant des signes de manipulation et de manque d’empathie. Toutefois, l’absence de cadre méthodologique strict et la subjectivité inhérente de la graphologie limitent la fiabilité de ces études.
Les points souvent examinés incluent :
- La pression exercée sur le papier
- L’inclinaison des lettres
- La taille et la forme des lettres
- Les marges laissées sur le papier
Limitations et controverses : la fiabilité de la graphologie en question
Nous nous devons de reconnaître les limites de la graphologie. D’abord, elle est souvent critiquée pour son manque de rigueur scientifique. De nombreuses études échouent à prouver que la graphologie peut être utilisée de manière prédictive et fiable. Ensuite, la subjectivité de l’analyse rend les résultats potentiellement biaisés.
Les controverses sont nombreuses : certains experts accusent la graphologie d’être une pseudo-science. Des tests en double aveugle, où les graphologues analysent des échantillons sans connaître le contexte, montrent souvent des résultats incohérents. De plus, les différences culturelles et éducatives influencent beaucoup l’écriture, rendant les comparaisons encore plus difficiles.
Pour ces raisons, bien que fascinante et riche en histoire, la graphologie ne devrait pas être utilisée comme seul outil prédictif en criminologie. Des approches plus robustes, telles que les profits criminels fondés sur l’analyse comportementale, offrent des bases plus solides pour la prédiction et l’intervention.
À noter que malgré ces controverses, certains services de police continuent d’avoir recours à la graphologie, notamment dans le cadre de l’étude de lettres anonymes de menace ou de chantage. Le Département de la Justice des États-Unis a même intégré des analyses graphologiques dans certaines de ses enquêtes. Toutefois, ces analyses sont toujours accompagnées de d’autres méthodes d’investigation plus éprouvées.
La graphologie, bien que fascinante, doit être envisagée comme un complément à d’autres techniques d’analyse et non comme une solution en soi.