Historique et application de la graphologie en recrutement

Depuis plusieurs décennies, la graphologie est utilisée par certains recruteurs pour évaluer les candidats. Originaire de France, cette discipline a vu le jour au XIXe siècle sous l’impulsion de Jean-Hippolyte Michon. L’idée de base est que l’écriture d’une personne peut révéler ses traits de personnalité, ses aptitudes et ses comportements.

Dans les années 1960, l’utilisation de la graphologie en recrutement s’est popularisée en Europe, particulièrement en France et en Allemagne. L’objectif était de comprendre le profil psychologique des candidats au-delà de leur simple CV et entretien d’embauche. Certains recruteurs affirment que cette méthode permet de déceler des caractéristiques invisibles à l’œil nu, comme la gestion du stress, la persévérance ou encore la créativité. Cependant, son application reste controversée.

Études de cas : succès et échecs de la graphologie dans le milieu professionnel

Des études de cas montrent des résultats disparates. Lors de l’embauche de commerciaux en 1983, une entreprise allemande fit appel à des graphologues qui identifièrent correctement les meilleurs vendeurs. Ce succès contribuait à la validité apparente de la graphologie.

Cependant, d’autres expériences montrent des échecs notoires. En 2003, une grande société française de communication vit son taux de turn-over exploser après avoir utilisé la graphologie comme outil d’embauche exclusif. Les traits détectés par les graphologues ne se traduisaient pas toujours en compétences réelles ou en compatibilité avec les valeurs de l’entreprise.

Pourtant, certains disent toujours que la graphologie offre des insights utiles. En tant que rédacteurs et journalistes, notre avis est de combiner cet outil avec d’autres méthodes de recrutement plutôt que de s’y fier entièrement.

Éthique et légalité : débat autour de l’utilisation de cette pratique

L’utilisation de la graphologie soulève des questions d’éthique et de légalité. En France, il n’y a pas de législation spécifique interdisant son usage. Cependant, le Code du travail et les recommandations de la CNIL stipulent que les méthodes de sélection doivent respecter la vie privée et être pertinentes pour le poste à pourvoir.

Aux États-Unis, par contre, la graphologie est rarement utilisée par les recruteurs à cause de l’accent sur la non-discrimination. Les détracteurs affirment que cette pratique est subjective et peut conduire à des discriminations non intentionnelles.

Recommandations pratiques :

Pour les recruteurs qui souhaitent utiliser la graphologie :

  • Combinez-la avec d’autres méthodes d’évaluation comme les tests psychométriques et les entretiens comportementaux.
  • Soyez transparent avec les candidats quant à l’utilisation de cette technique.
  • Formez les graphologues aux spécificités de votre secteur d’activité pour améliorer la pertinence de leurs analyses.

Pour les candidats :

  • Si votre écriture est analysée, n’ayez pas peur de demander comment cette information sera utilisée.
  • Considérez préparer des exemples concrets de vos réussites professionnelles pour compléter le profil que votre graphologie pourrait révéler.

Les limites juridiques et scientifiques de la graphologie dans les enquêtes

Enfin, parler de la graphologie sans mentionner ses limites serait incomplet. Sur le plan scientifique, aucune étude fiable ne confirme le lien direct entre écriture et traits de personnalité. La méthode manque de fiabilité et de validité prédictive. Par ailleurs, des facteurs externes comme la fatigue, la maladie ou le stress peuvent altérer l’écriture, rendant toute conclusion hâtive.

Juridiquement, l’utilisation de la graphologie dans les enquêtes criminelles fait débat. Si elle peut orienter les enquêteurs, elle ne constitue pas une preuve recevable en justice. La graphologie n’est donc qu’un outil complémentaire et non une science exacte. Des méthodes plus rigoureuses, comme les analyses ADN ou les empreintes digitales, restent privilégiées pour leur fiabilité.

Avec toutes ces informations, il est essentiel de réfléchir à l’usage qu’on veut faire de la graphologie dans un cadre professionnel pour éviter des dérives potentielles et s’assurer de la pertinence et de l’équité des processus de recrutement.